Les autorités ont annoncé jeudi 7 avril l’ouverture d’une enquête à Moura. Il s’agit de faire la lumière sur l’opération antiterroriste conduite entre le 23 et le 31 mars dernier dans ce village proche de Djenné, dans le centre du pays. L’armée affirme y avoir tué plus de 200 jihadistes, de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme évoquent un bilan largement supérieur et le massacre en règle de civils, par les FAMa et leurs supplétifs russes. Mais cette enquête sera menée par un Tribunal militaire malien, et c’est bien ce qui inquiète les défenseurs des droits humains.
« C’est une avancée », estime un connaisseur de la justice militaire malienne, qui assure qu’habituellement, les allégations d’exactions sont vite oubliées. « Cette fois, note cette source, ils disent qu’ils vont publier les conclusions. »
Le mois dernier, au terme d’une mission de travail à Bamako, le Sénégalais Alioune Tine, expert indépendant de l’ONU sur les droits de l’homme au Mali, avait d’ailleurs exhorté l’armée malienne à cesser de se borner à annoncer l’ouverture d’enquête, mais à les mener effectivement et à traduire les responsables d’exactions en justice. Certaines sources espèrent donc que l’enquête du Tribunal militaire de Mopti sur l’opération de Moura marquera un tournant.