28 août 2020 – 28 août 2023:
Alors que mes Prières, pensées et regards fixés, ce Jeudi 27 août 2020, sur Bangui pour accompagner notre très chère regrettée Mme Touré Nanette Claudia Sokambi à sa dernière demeure au Cimetière Familial de Trangui, voici que tombe la foudroyante nouvelle à partir d’un coup de file reçu aux environs de 14 heures de mon frère, Presi Laye Oumar Koulibaly :
” Une mauvaise nouvelle : Mamadi Diané est décédé à Abidjan “. Sous l’effet de la surprise et du choc, le désarroi me gagne et me plonge dans une forme d’incapacité que je tente de dominer difficilement, il est vrai, pour rendre hommage à l’homme le plus simplifié que j’ai connu dans ma vie. Si effondré et abattu que certains, comme Abdoulaye Sankara, Directeur adjoint du bureau de Presse de la Présidence, connaissant la fraternité relationnelle avec l’illustre disparu, se sont étonnés de mon manque de réaction depuis l’annonce de l’épreuve.
Même si je n’ignore pas que la mort se présente comme un événement biologique auquel chaque membre de l’espèce humaine ne saurait échapper, destin inéluctable de la vie individuelle, mais comme la naissance, la mort est un événement unique dans la vie d’un individu.
Et, contrairement à la naissance qui donne lieu à toutes les formes de réjouissance, « perdre un être proche, un être cher, comme disait le philosophe Phillippe Forest, c’est être face au réel absolu et cruel, c’est-à-dire à l’irréversible, à l’insubstituable ». Épreuve éthique, expérience d’un irremplaçable, le deuil teinte d’une douleur indélébile l’idée même que nous nous faisons de la vérité.
Croyants que nous sommes, nous devons toujours pouvoir vaincre notre chagrin, notre douleur, et rendre GRÂCE À DIEU, LE SEUL MAÎTRE DE L’UNIVERS.
Mamadi Diané n’est plus !
La brutale nouvelle a vite fait le tour du monde et estomaqué tous ceux qui ont connu, pratiqué ou simplement entendu parler de L’HOMME DU BEAU, DU BIEN ET DU BON, Le MONSIEUR EXCEPTIONNEL AU GRAND CŒUR que fût Mamadi Diané.
Les souvenirs de cet illustre frère, bienveillant et attentionné, foisonnent dans les méninges.
Je résume que Mamadi Diané, considéré comme l’une des plus grandes fortunes d’Afrique, a vécu pour les autres en défendant, sa vie durant, les valeurs, les principes et les Hommes. Ces principes et valeurs ne l’ont jamais quitté jusqu’à son dernier souffle.
C’est entre 1996 et 1997 à Abidjan que je rencontre et fais la connaissance de Mamadi Diané grâce à feu Dr Charles Diané (Paix à son âme), précisément au domicile du frère de ce dernier à Cocody.
Ce jour, l’homme simple mais direct et prompt qu’il est me lance : ” les journalistes Guinéens, vous avez peur de dire la vérité “
À la question d’étonnement de savoir le pourquoi de ce jugement, il me parle du contentieux judiciaire opposant la SOFIG dont il était le Président du Conseil d’administration à un commerçant Guinéen du nom de Chérif au sujet d’un immeuble sur la 6ème avenue de Sandervalia.
Le dit immeuble en construction à l’époque et appartenant à Chérif avait fait objet d’un bail entre les deux parties permettant à la SOFIG d’achever les travaux et de le gérer durant un certain nombre d’années.
Mais, le problème du Président du Conseil d’administration de la SOFIG n’était pas le partenaire Cherif, engagé dans une procédure judiciaire de récupération de l’immeuble avant le terme du Contrat mais plutôt le Président de la Cour Suprême d’alors, Me Lamine Sidimé. Ce dernier, l’un des avocats de la SOFIG au moment des négociations et de la signature du contrat, a été, devenu président de la cour suprême, curieusement celui qui a rendu l’arrêt condamnant ses anciens clients à libérer l’immeuble et à payer des amendes à leur ancien partenaire. Ainsi, pour Mamadi Diané, la “rébellion ” de Chérif et le revirement de Me Lamine Sidimé contre un dossier qu’il a pourtant défendu étaient le degré ultime de l’injustice insupportable.
Après l’avoir écouté, je me suis souvenu que ce dossier qui m’avait jamais intéressé auparavant, avait souvent fait objet d’articles signés de Tibou Kamara. Et j’ai justement profité de ces articles pour porter la contradiction à Mamadi Diané et lui proposer une interview explicative pour démonter que contrairement à ce qu’il pense, la presse face aux faits n’a pas peur.
Réalisée à l’hôtel Sofitel, la publication de cette interview et d’un article qu’elle suscite provoquent une grande colère chez le Président de la Cour Suprême, ses amis et le commerçant Chérif qui portent plainte. Bref, avec la levée de boucliers dans tous les sens, je réalise moi même le degré d’implication flagrante du politique dans l’injustice dont était victime la SOFIG. Surtout que le domaine légalement acquis par la Société à Kameroun, derrière le siège du PUP avait été également gelé à l’époque.
L’homme qui répond ce jour à mes questions, heureux de la nomination de son ami sinon jumeau Sidya Touré à la Primature, était animé de fortes et ambitieuses volontés d’investissements socio-économiques en Guinée. Pour lui, la venue de Sidya Touré aux affaires était un signe d’ouverture et une opportunité à saisir pour lui permettre d’aider son pays d’origine et de cœur en consacrant non seulement une bonne partie de sa fortune à des activités créatrices d’emplois et de la richesse, mais aussi en attirant l’intérêt des investisseurs étrangers notamment américains sur la Guinée.
Cet engagement, Mamadi Diané l’a publiquement réitéré, en décembre 1998, devant le Président Lansana Conté à l’inauguration du Siège de la SOFIG finalement relocalisé à Coleah sur les cendres de l’ancien Libraport.
Mais, malheureusement et très malheureusement, la mauvaise gouvernance, le favoritisme, les violations et l’arbitraire, les crises politiques perpétuelles ont créé un climat et un environnement impropres aux affaires et aux investissements. Non seulement, par rapport à sa Famille et à lui-même, mais aussi par rapport aux sociétés dont il était l’un des actionnaires avec Sidya Touré et d’autres Guinéens confrontées aux tracasseries , tout a été fait pour mettre Mamadi Diané dans l’expectative d’un temps opportun.
Et l’homme que je retrouve avec une dizaine de journalistes Guinéens à Washington en août et septembre 1999 en marge d’un voyage d’études initié par L’USAID, est très déçu, amer et caustique contre la gouvernance en Guinée.
Quand il me reçoit dans son bureau d’Amex international en plein cœur de Washington et à sa résidence de DC, il m’informe non sans regret que le Général Lansana Conté, qui entamait une visite d’une dizaine de jours aux États unis, ne sera pas reçu par le Président américain de l’époque, William Jefferson Bill Clinton : l’arrestation et la longue détention d’Alpha Condé, les contentieux électoraux, la corruption, les destructions des biens des citoyens à Kaporo rails donnent, dit il, une mauvaise image au Président Guinéen dans le monde politique et économique américain.
Cette pénible tournée américaine du Président Lansana Conté, je l’ai couvert d’un bout à l’autre dans toutes les villes américaines avec feu Alkaly Sylla de l’Indépendant grâce à Mamadi Diané.
Il abandonne tout et s’occupe personnellement à conduire dans les véhicules et à ses frais, le Groupe de journalistes Guinéens dans tous les lieux du pouvoir à Washington : Maison Blanche, le Congrès, le Senat, Département d’État etc. Dans tous ces lieux du Pouvoir de l’administration Démocrate, comme au Congrès sur l’une des images retrouvées dans les archives, où il a été interpellé les Congressistes Américains sur les problèmes Guinéens de l’époque dont l’incarcération du président du RPG, Alpha Condé, les casses de Kaporo rails, c’est un Homme de conviction très combatif que mes confrères découvrent. Feu Fassiri Camara, ancien directeur du Horoya, feu Alkaly Sylla, Directeur de Publication de L’Indépendant, Jean Raymond Soumah, ancien président du CNC, à l’époque reporter à l’Indépendant, Aicha Diallo, belle voix de la RTG, Sosse Sossou, etc.
À l’honneur des journalistes Guinéens, avec la demande de son ami, Sidya Touré, il organise à son domicile à Washington un grand déjeuner auquel il convie des congressistes, sénateurs et maires démocrates notamment feu Marion Barry, ancien Maire de Washington. La familiarité qu’il développe avec ces décideurs de la plus puissante Nation du monde fascine et force le respect à l’égard de l’homme qui se veut le plus simplifié possible comme s’il avait déjà ancré que ce monde n’était que passager et que, pour reprendre Edmond Thiaudière, “tout ce qu’on retranche à sa vanité on l’ajoute à son mérite”.
Et le menu consistant de ce déjeuner a été servi par un ancien ministre des finances Togolais qui s’est reconverti dans la restauration à Washington et que Mamadi Diané a tenu à nous présenter. Une manière de nous prévenir et de nous conseiller sur le fait que rien n’est acquis définitivement dans cette vie.
Les mérites de Mamadi Diané produiront des tonnes de livres si on se donnait l’exercice de les citer.
Mamadi Diané était en quelque sorte l’épicentre des Africains aux États-unis. Des Chefs d’état comme de simples citoyens anonymes, il était au service de tous ceux qui le sollicitaient.
Toujours en ligne, son téléphone n’arrête jamais de sonner pour répondre à un Chef d’état, un ministre, un haut cadre ou un patron de sociétés, mais aussi de simples citoyens qui l’appellent de partout en Afrique.
“Citoyen du monde”, Mamadi Diané l’était. Pas seulement pour ces trois pays : Guinée, Côte d’ivoire, USA.
Patriote et généreux, j’appris du personnel Diplomatique Guinéen à Washington que Mamadi Diané se chargeait souvent de régler les factures de loyers de l’Ambassade et des agents eux-mêmes à la place de l’État Guinéen l’empereur du retard.
Amoureux de la politique et fervent soutien d’hommes politiques sans vouloir l’être lui-même, il a toujours œuvré pour la démocratie. En 1995, pendant la campagne électorale des élections législatives et communales couplées, il contribue à la décision du Maire PUP de Kaloum d’alors, son ami Fode Idrissa Touré Briqui Momoh d’accorder l’autorisation de la tenue d’un meeting au stade de la Mission pour Alpha Condé et le RPG. Cette autorisation, la première en faveur d’un parti d’opposition dans ce que le régime considère comme son bastion inviolable, accordé à celui qu’il qualifie comme le plus extrémiste contre le régime, a constitué le point de la rupture entre le Président Conté et le Maire Briqui Momoh voué, et soumis à une traversée du désert qui s’achèvera par son départ du PUP, un parti dans lequel il s’était pourtant illustré farouche
dans la fermeté contre son futur allié et ami, Alpha Condé.
Par rapport à l’actualité et aux événements, j’étais devenu pour Mamadi Diané, l’un de ses nombreux consultants qu’ils appelaient journellement à travers le continent. Et à chaque fois qu’éclatait un événement ou une crise, partout dans le monde où il était où j’étais, Mamadi Diané cherchait à me joindre.
Je me souviens de la conférence téléphonique que nous avons eu en 2004 avec l’ancien Premier ministre, François Lonseny Fall suite à l’attaque du cortège du Général Lansana Conté à ENCO.
À chacun de mes passages aux États-unis, j’ai trouvé mes aises à son domicile et dans ses bureaux où défilaient toutes les grandes personnalités politiques américaines, africaines du pouvoir comme de l’opposition.
Comme Laurent Gbagbo du FPI, quand ce dernier était allié à son ” Grand frère “, c’est ainsi qu’il appelle Ouattara, j’ai croisé beaucoup d’autres opposants Africains chez lui.
En 2009, après le décès du Président Lansana Conté et la prise du pouvoir par le CNDD, il s’est encore engagé dans les démarches administratives pour réactiver les initiatives d’investissements que les mauvais contextes avaient mis en veilleuse.
Avec pour point focal, le ministre Mamoudou Condé.
Compte tenu de la nature des relations que nous avons entretenues depuis les premiers jours, il se proposa de m’offrir des parts dans la société téléphonique qu’il devait lancer.
Frère du Président Alassane Ouattara et jumeau du Président de l’UFR, Sidya Toure, il nous quitte après avoir atteint la moitié de ses objectifs, celui de voir ses 2 personnalités à la tête des états de Guinée et de Côte d’ivoire.
Je le revois avec feu Amadou Gon Coulibaly et Aly Coulibaly, en pleine campagne présidentielle de 2010, pour la victoire de Sidya Touré. Et jusqu’au jour de publication des résultats provisoires par la CENI, il était convaincu de la qualification de son jumeau pour le second tour et s’apprêtait à arpenter à nouveau les routes Guinéennes pour cet objectif qui était l’un des plus importants de sa vie. Mais, il s’était fortement impliqué dans la campagne de Cellou Dalein Diallo quand son jumeau a préféré l’alliance du Président et candidat de l’UFDG au second tour de la présidentielle 2010.
Grâce à lui, j’ai suivi les péripéties victorieuses de la crise postélectorale ivoirienne à partir de l’hôtel du Golf où il a fait venir un technicien américain pour monter la télévision TCI et concurrencer la RTI alors tenu par l’ancien Président Laurent Gbagbo. Jusqu’à la victoire de son frère, le Président Allassane Ouattara.
Grâce à lui également, j’ai eu beaucoup d’informations sur la rébellion qui a éclaté le 19 septembre 2002 en Côte d’ivoire et qui a abouti justement à l’élection de 2010.
Depuis, nos premières rencontres et mes observations personnelles, j’ai eu et gardé pour Mamadi Diané le respect qu’on a pour les vrais GRANDS HOMMES.
Face à cette immense perte, j’exprime ma profonde compassion et mes condoléances les plus attristées à la Famille Diané et alliées, à son épouse et ses enfants, à son alter ego Sidya Toure, ses frères Mori Diane qu’il appelait “Maurice”, Mamoudou Diané, Diane Mamadi “Prince”, à sa belle belle-sœur et fille Mme Diané Saran Komara Poupina Sarank, ses amis Bob Doumbouya, Kader Yomba, à tous ses parents, amis et connaissances en Guinée, en Côte d’ivoire, en Afrique, aux États-unis et partout dans le monde.
VEUILLE ALLAH, NOTRE CRÉATEUR, t’accueillir dans son éternel Paradis. Amen