ll est vrai aussi que notre club ‘’Les fils de Pelé’’ était peut-être le moins redoutable. Il ne pouvait tenir tête devant le Waskro Galanyi, club redoutable qui, d’ailleurs, fournira des éléments à l’équipe fédérale de Fria. Nous avions pourtant en notre sein des talents. Et moi aussi, ‘’Gaoussou Diaby’’, toujours avec ma boite de tomate trouée, courant sur la touche autant que les joueurs sur le terrain pour disproportionner et encenser les gestes les plus anodins des joueurs de mon équipe, ‘’les Fils de Pelé’’.
En effet, je ne sais comment, mais nous avions intégré et développé l’idée que Pelé Edson Arantes do Nascimento était originaire de Fria. C’était un matin, alors qu’il s’entraînait seul au stade de Sabèndè que, profitant du brouillard, les brésiliens l’auraient kidnappé et embarqué de force dans leur avion. Ses cris au secours n’auront été entendus que par des femmes, impuissantes, qui se rendaient au marché et qui raconteront ce qu’elles avaient vu.
Et en attendant que Pelé revienne à Fria, nous avions décidé de nous faire appeler ‘’Les fils de Pelé’’. Avec conviction, nous mettions à profit tous les moments grappillés sur les horaires scolaires pour nous entraîner en vue de battre un jour l’équipe du Brésil et lui montrer que Pelé avait formé des enfants avant d’être capturé.
Pour acheter les maillots, nous allions récolter des copeaux de cuivre derrière l’usine, sur la crête de la carrière, la ‘’petite montagne rouge’’. C’était là où était dépotée la ferraille qui dérivait de l’exploitation de la bauxite. Nous transportions notre trésor au marché, à la boutique de Monsieur Bah, qui le pesait et nous donnait un peu d’argent que nous collections pour acheter les maillots des ‘’Fils de Pelé’’.
In ‘’De Sabendè à Koloma, Dire le temps qui passe’’ (à paraître)